"Aujourd'hui, le 10 juillet 1674, par ordre du bailli et des échevins de Limbricht, vous êtes arrêtée pour suspicion de sorcellerie ou magie noire." Enfermée sans plus d'explications, Entgen Luijten ne peut compter que sur elle-même : elle n'a plus de famille et sait que personne ne se lamente sur son sort. Parce qu'elle préfère se rendre au bois qu'à l'église, parce qu'elle connaît le pouvoir des plantes qui soignent, parce qu'elle est un peu trop libre, elle a toujours fait jaser dans son village reculé de la campagne néerlandaise. Dans l'attente de son procès, la voilà réduite à compter les jours dans l'étroit et glacial cachot du baron Van Breyll qui est prêt à tout pour obtenir des aveux spectaculaires. Mais malgré les fenêtres étriquées de sa cellule, Entgen se souvient des premières lueurs de l'aube qui embrasent l'horizon et de la lande qu'elle parcourait en compagnie des siens. Et si elle respecte la puissance de la nature, elle ne se soumettra pas à l'autorité du châtelain et compte bien faire entendre sa voix.
1617, Vardo, au nord du cercle polaire, en Norvège. Maren Magnusdatter, vingt ans, regarde depuis le village la violente tempête qui s'abat sur la mer. Quarante pêcheurs, dont son frère et son père, gisent sur les rochers en contrebas, noyés. Ce sont les hommes de Vardo qui ont été ainsi décimés, et les femmes vont désormais devoir assurer seules leur survie. Trois ans plus tard, Absalom Cornet débarque d'Ecosse. Cet homme sinistre y brûlait des sorcières. Il est accompagné de sa jeune épouse norvégienne, Ursa. Enivrée et terrifiée par l'autorité de son mari, elle se lie d'amitié avec Maren et découvre que les femmes peuvent être indépendantes. Absalom, lui, ne voit en Vardo qu'un endroit où Dieu n'a pas sa place, un endroit hanté par un puissant démon. Inspiré de faits réels, Les Graciées captive par sa prose, viscérale et immersive.